Ces passages de l’évangile de Matthieu, que nous venons de relire, nous les connaissons ; nous avons souvent entendu prêcher sur ces versets, lesquels nous mettent en présence de deux catégories de personnes. D’un côté, celles, qui, dès l’origine, reconnaissent le roi qui leur vient ; de l’autre, celles qui refusent, et à leur tête le roi Hérode, de croire que cet enfant, qui vient de naître puisse être le messie attendu. Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? Répond Nathanaël à Philippe, Jean 1. 45, 46)
Un roi qui adore un autre roi, dans l’histoire de l’humanité, c’est rarissime, voire inconcevable. Même dans le cadre des relations féodaux-vassaliques, le vassal espère un jour détrôner le suzerain pour prendre sa place.
Derrière ces versets de l’évangéliste Matthieu, plus qu’un conflit d’autorité, c’est un combat spirituel qui se livre. La naissance de Jésus vient bouleverser l’ordre humain établi. En effet, par cet enfant, “Dieu déploie la force de son bras pour disperser les orgueilleux ; renverser les puissants de leurs trônes ; élever les humbles ; rassasier de biens les affamés, et renvoyer les riches les mains vides” (Luc 1. 52, 53).
Cette naissance place ainsi chacun-e, d’entre nous, devant un choix : l’accueillir comme le roi légitime, le recevoir, avec joie, en son cœur, ou refuser de le recevoir.
Croire, ou ne pas croire ? Question clivante, qui établit une ligne de démarcation entre les brebis et les boucs, lisons-nous dans l’évangile de Matthieu 25. 33, 34 ; celles-là, les brebis, placées à la droite du Seigneur, et ceux-ci, les boucs à sa gauche. Les premières, appelées au règne à venir, les autres, jetées au dehors, là où règnent les pleurs et les grincements de dents.
Ainsidonc, des étrangers lointains, qui n’appartiennent pas au peuple de l’Alliance, les mages, reconnaissent Dieu, enJésus, et l’adorent ; tandis les grands prêtres et les scribes, dépositaires de la Parole de Dieu, le rejettent.
Parmi eux, Hérode le Grand, incarne le refus absolu de croire. De tout son être, il résiste à Dieu. Pourtant il possède toute la connaissance nécessaire pour croire, lui aussi ; les grands prêtres, les scribes, connaissent toutes les prophéties concernant le Messie et savent exactement où il doit naître !
Mais, voilà, connaître les Ecritures, même par cœur, avoir toujours le nom de Dieu à la bouche, citer des versets bibliques au détour de toute conversation…Cela est magnifique, impressionnant ! Mais, nous disent les Ecritures, ce n’est pas encore avoir la foi. Matthieu 7. 21, 23 “Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! N’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom? N’avons-nous pas chassé des démons par ton nom? Et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom? Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité”.
Hérode croit, et sait qu’un Messie va venir ; mais lui ouvrir son cœur, à cela, il s’y refuse ! Pourquoi ?
Comme toute autorité, de surcroît, un monarque, Hérode est prisonnier de son orgueil, de sa puissance, et peut-être aussi de la peur de se retrouver un jour, au bas de l’échelle sociale. Comme toute autorité, remplie d’elle-même, placé là par l’occupant Romain, Hérode ne veut pas perdre le trône. Roi illégitime, Hérode est donc un souverain dans la crainte constante de voir surgir du milieu du peuple d’Israël, des rivaux, des héritiers légitimes. D’où son trouble, lorsque les mages lui parlent d’un roi, qui vient de naître.
Hérode n’est pas un souverain totalement fermé à toute croyance ; pour cause, il a, à sa cour, des religieux ; il vit donc une certaine foi, oui, mais une foi en un Dieu à son service, un Dieu qui l’aide à conserver et à conforter son pouvoir. Ce Dieu que des hommes et des femmes, en charge de l’autorité, en certains pays, invoquent, quand cela les arrange, pour justifier la tyrannie, l’asservissement et la violence, les massacres et les génocides.
Une divinité, qui n’a rien de celui qui se révèle, en Jésus Christ, un Dieu doux et humble, mais en même temps puissant et agissant. Un Dieu dont la venue révèle la réalité de nos cœurs et met en lumière toutes les contradictions de nos sociétés, du monde. Un Dieu de grâce, d’amour, de justice.
Il y a, peut-être, un Hérode en chacun-e d’entre nous; car, comme ce roi, nous avons tendance à nous enfermer dans des prisons invisibles, et à nous laisser asservir par des faiblesses, des péchés mignons, des esclavages que nous seul-e-s connaissons.
Prisons invisibles, esclavages dont nous pensons, peut-être, ne pas pouvoir briser les chaînes !
Ce n’est pas la vérité, car Jésus, le prince de paix vient à nous, justement, pour nous libérer et briser toutes nos chaînes. Il vient, non pour nous juger, mais pour offrir, gratuitement, son amour, sa paix, son pardon.
En ce début d’Année 2021, osons le choix de laisser Jésus entrer dans notre cœur, pour qu’il y établisse son règne d’amour et de paix. Osons suivre l’exemple des mages, qui se laissent déplacer, attirer par Dieu ?
Une prophétie, une étoile très brillante, et ces mages se mettent en route, en direction de ce roi, nouveau-né ! Dieu nous appelle, toujours, tel-le-s que nous sommes, là où nous en sommes, dans notre marche vers l’illumination.
Ces mages sont pourtant des gens, qui lisent dans les signes du ciel, dans les étoiles… Or l’astrologie prédictive n’est pas en odeur de sainteté, dans la Bible, et la vénération des astres, non plus ! “Veille sur ton âme, de peur que, levant tes yeux vers le ciel, et voyant le soleil, la lune et les étoiles, toute l’armée des cieux, tu ne sois entraîné à te prosterner et à leur rendre un culte: ce sont des choses que l’Eternel, ton Dieu, a données en partage à tous les peuples… Deutéronome 4. 19 ; et 18.10 “Qu’on ne trouve chez toi personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, …de magicien…”
Pourtant c’est eux, les mages, que Dieu appelle vers son Fils. Parce que Dieu résiste aux orgueilleux, mais guide, vers lui, ceux qui le cherchent sincèrement, d’où qu’ils viennent.
En ce début d’Année 2021, Jésus, le Prince de paix, s’offre à toi, ce matin, et à travers toi, à toutes les personnes que tu portes en ton cœur.Ose le choix de laisser Jésus entrer dans ton cœur, pour qu’il y établisse son règne d’amour et de paix.
Qui que tu sois, d’où que tu viennes, où que tu en sois, dans ta marche vers l’illumination ; chrétien-ne, de fraîche date ; personne en recherches ; chrétien-ne en situation de fragilité spirituelle, en lutte avec ton Hérode intérieur… Ne te laisse pas guider par la voix de tes peurs.
En ce début d’Année 2021, le Prince de paix, qui t’ouvre un avenir d’espérance, t’appelle à venir à lui, avec confiance. Il est la « brillante étoile du matin », qui te guide. Amen !